La Bonne Nouvelle de Jésus Christ dans la société vietnamienne contemporaine

La Bonne Nouvelle de Jésus Christ dans la société vietnamienne contemporaine

I. Vie et témoignage pendant 30 ans

1. L’année jubilaire 2010 est une occasion pour la famille diocésaine de faire le point sur la vie et les missions de l’Eglise dans cette ville. Cette révision a pour but de rendre grâce au Seigneur et de se repentir, et en même temp de définir une nouvelle perspective pour l’avenir.

Bonne Nouvelle Pascale

2. L’année 1975 est une date de changement du régime politique au Vietnam. Ce changement a disloqué l’ancien cadre socio- culturel, politico-économique, entraînant ainsi nombre de pertes et imposant de nombreuses limites à l’Eglise catholique vietnamienne. À cela s’ajoute plus d’une dizaine d’années de politique de fermeture, si bien que tout contact avec le monde et toute communion avec l’Eglise universelle ont été presque totalement interrompus.

En particulier le diocèse de Saigon a été rebaptisé diocèse de Ho Chi Minh Ville, qui a subi de nombreuses pertes: (1) sur le plan des ressources humaines, le nombre de prêtres est passé de 414 à 226, le nombre de laïcs, de 516.000 à 387.184 ; (2) sur le plan des infrastructures dans les domaines de l’éducation et de la formation, de la médecine, de l’humanitaire, on a perdu environ 400 entités. Ainsi, il n’y a plus d’école catholique pour enseigner le catéchisme, éduquer la foi aux jeunes. Il n’y a plus d’hôpital catholique, ni centres à caractère humanitaire. Il n’y a plus d’activités de charité en publique. Il ne reste que des lieux de culte.

3. Ce contexte a amené la famille diocésaine à se concentrer sur le cœur et le sommet de la vie de foi qu’est le Christ dans l’Eucharistie et la Parole de Dieu, à centrer la pastorale sur la construction des familles et des communauté de fidèles pour en faire une famille du Seigneur, dans laquelle le Seigneur est notre Père et que nous sommes tous frères et sœurs partageant une même foi, une même espérance et une même charité.

Et c’est aussi dans ce contexte que les familles et les communautés de fidèles ont mis plus de temps à bâtir une vie filiale avec le Père, une vie fraternelle basée sur la communion et l’unité les uns avec les autres, une vie de charité, de compréhension, de tolérance et de solidarité avec les compatriotes et les frères en humanité. On a eu davantage d’occasions de marcher dans la lumière de la vérité et de l’amour rédempteur du Christ. Par conséquent, la vie de foi est petit à petit devenue le sel et la lumière de la Bonne Nouvelle dans un milieu encore inconnu. Cette image des humbles témoins de la Bonne Nouvelle a aussi progressivement modifié le regard d’un bon nombre de personnes sur l’Église: considérée dans le passé comme une organisation d’origine étrangère et hostile, elle est devenue une organisation offrant un grand potentiel de contribuer à servir le pays et le développer d’une manière durable.

Bonne Nouvelle de la vie

4. Dans cette situation, le Seigneur a continué, par son amour, à accompagner Son peuple, et a semé dans la terre vietnamienne de nombreuses semences de grâce et de salut, semences de foi, semences des vocations de prêtre et de religieux. Ainsi, la vie du diocèse s’est rétablie et s’est développée à travers les vicissitudes de l’histoire. Actuellement, le diocèse comporte:

- 200 communautés paroissiales avec 662.148 laïcs, 5.289 membres de conseils pastoraux, 6.254 catéchistes, 900 chorales, 25 organisations d’apostolat laïc,

- 318 prêtres diocésains, 327 prêtres religieux, 5.047 religieux, 180 séminaristes de 3 diocèses, 20 candidats à la vocation sacerdotale de deuxième étape, 300 candidats à la vocation sacerdotale de première étape, 15 organisations de pastorale diocésaine,

- 190 entités telles que crèches, classes gratuites destinées aux enfants pauvres, classes de formation professionnalisante, centres de charité et d’humanitaire qui contribuent à développer la ville et à réduire les effets pervers d’un développement économique et social.

Bonne Nouvelle de l’amour

5. Sous l’effet des grâces du Seigneur, les familles catholiques et les communautés de fidèles sont devenues des terrains fertiles, soignés par la vie de prière et la vie sacrementelle, la vie de charité et la vie de sacrifice et de souffrance. Cette vie a suscité une source d’eau vive qui a arrosé les semences de grâce et de salut pour leur permettre de croître et de porter du fruit comme on peut le voir aujourd’hui.

Maintenant, conformément à l’enseignement du Saint Père, la famille diocésaine, dans sa mission d’amour et de service, continue à prendre soin de ces semences afin qu’elles portent du fruit pour tout le monde. Le diocèse a construit le Centre de Pastorale comme un lieu d’enrichir et d’approfondir les savoirs dans le domaine de la foi et la pastorale pour les fidèles, notamment, pour les laïcs; un lieu de construire un amour de fraternité, de communion et de solidarité; un lieu de soutenir les familles catholiques, 200 communautés paroissiales, 300 communautés religieuses, 15 comités pastorales diocésains, 25 organisations d’apostolat laïc, afin que ceux-ci deviennent des écoles de la foi, des remparts de la foi, des témoins de la foi, faisant suivre les pas du Christ qui aime et sert la vie de l’homme.

Bonne Nouvelle pour tous les hommes et les femmes

6. La rencontre avec le Christ sur la route de Damas a fait de Saoul persécuteur Paul missionnaire pour les païens. Ce saint a consacré sa vie et s’est donné à la proclamation de l’Evangile et à la construction de l’Eglise du Christ au sein de différents peuples. De cette façon, saint Paul a transmis une grande variété d’expériences aux chrétiens vietnamiens vivant l’Evangile dans leur propre pays d’aujourd’hui.

7. Première expérience: "Confessant la vérité, nous continuions à croître à tous égards dans la charité en union avec celui qui est le chef, le Christ" (Ep 4,15). La lumière de la vérité et la charité de Jésus Christ, le Sauveur, invite tout le monde à Le suivre sur le chemin de l’amour rédempteur. Ce chemin est marqué par quatre grands points: Intégration, Engagement en vue du service, Sacrifice et Renouvellement.

(1) INTÉGRATION à la vie socio-culturelle du peuple;

(2) ENGAGEMENT EN VUE DU SERVICE de la vie et du développement de l’homme et du pays;

(3) SACRIFICE de l’égoïsme et de l’orgueil pour montrer de la compréhension et de la tolérance afin de remédier aux effets pervers d’un développement socio-économique et aux fléaux sociaux;

(4) RENOUVELLEMENT du cœur de l’homme en vue d’une fraternité et d’une solidarité pour ensemble bâtir une culture de la vie et une civilisation de l’amour, en faveur de la vie et du développement de tous les hommes et les femmes.

8. Deuxième expérience : " Soyez pleins de la joie que donne l'espérance, patients dans l'affliction, assidus à la prière " (Rm 12,12).

Selon l’enseignement de l’Eglise catholique, le premier pas de l’intégration et de l’engagement en vue du service est le dialogue et la coopération. Dialoguer dans la lumière de la vérité et coopérer dans la charité du Christ. Il s’avère que le chemin de dialogue et de coopération reste inconnu pour un grand nombre de personnes. Cela est dû, d’une part, au fait que l’antagonisme et l’habitude d’affrontement semblent enracinés dans la mentalité et le mode de vie de chaque personne. D’autre part, beaucoup continuent à concevoir la vérité comme quelque chose qui correspond à ses préférences et à ses intérêts. C’est pourquoi, le chemin de dialogue et de coopération exige encore de la patience et de la persévérance dans la prière.

9. Nous devrions donc être patients et persévérants dans la prière. Prier comme le Christ a prié et nous a enseigné à prier. Prier comme le Seigneur nous l’enseigne ne signifie pas Le supplier de répondre à notre propre volonté, mais écouter la Parole du Seigneur qui nous enseigne à travers des signes et des événements de la vie, et en même temps ouvrir notre cœur et notre intelligence à la lumière et à la puissance de l’Esprit Saint qui nous aide à reconnaître et à faire la volonté du Père céleste: que tous, dans le pays et dans le monde entier, aient la vie et la vie en abondance.

II. La Bonne Nouvelle appelle tous les homes et les femmes à contribuer leur part pour bâtir ensemble une culture de la vie et une civilisation de l’amour

Appel

1. Le Fils de l’Homme a pris la condition d’homme parmi les hommes pour rendre témoignage à cette vérité primordiale: c’est que Dieu est la Vie, l’Amour ; qu’Il est le Père qui a offert à l’humanité deux cadeaux les plus nobles que sont la vie et l’amour.

La Bonne Nouvelle du salut que Jésus Christ proclame à l’humanité est celle de la Vie, celle de l’amour, et elle invite tout homme de bonne volonté à contribuer sa part pour bâtir ensemble une culture de la vie et une civilisation de l’amour, en faveur de la vie et du bonheur de tout homme.

2. Dans sa lettre adressée au peuple de Dieu datée du 7 octobre 2010, la Conférence épiscopale vietnamienne a invité les catholiques vietnamiens à contribuer leur part pour bâtir ensemble un mode de vie filiale vis-à-vis du Père céleste, une communion fraternelle avec tous les frères et sœurs de même foi, de même pays, et avec les frères dans l’humanité, pour bâtir ensemble une culture de la vie et une civilisation de l’amour dans leur propre pays d’aujourd’hui.

Dans son message à l’occasion de la Journée mondiale de l’Évangélisation daté du 24 octobre 2010, le Pape Benoît XVI a aussi appelé les catholiques à construire la communion dans l’Eglise, laquelle est la clé de la proclamation de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, également dans la perspective de se mettre au service de la vie et du développement de la société humaine contemporaine.

Situation de la société

3. Habitants de cette ville, beaucoup en viennent à se rendre compte qu’au cours de la première décennie du 3è millénaire, à côté d’un développement très rapide sur le plan socio-économique, il y a les marques d’une culture de la mort de plus en plus grandissante, telles que l’avortement tuant la vie, la drogue conduisant de nombreux jeunes à une mort blanche, laissant nombreuses mères et enfants victimes du SIDA, l’abandon grandissant de nouveau-nés, la violence familiale et désagrégation de la famille, ainsi que d’autres fléaux nationaux et sociaux qui détruisent la vie et la dignité humaine…

4. Qui est responsable de l’émergence et de l’extension de cette culture de mort? Les sciences sociales déterminent trois facteurs qui composent la personnalité d’une personne humaine: (1) l’hérédité, (2) le milieu social comprenant la famille, l’école, les organisations dans la société, celles du monde profane et du monde sacré, les traditions culturelles ainsi que les cultures importées du monde globalisé contemporain, (3) la conscience et la volonté des sujets.

5. En réalité, certaines organisations du monde profane et du monde sacré dans la ville ont proposé des solutions de situation qui ont pour objectif de remédier aux conséquences néfastes d’une culture de mort. Mais pour aider les jeunes d’aujourd’hui et de demain à résister, pas à pas, au mode de vie d’une culture de mort dans la société contemporaine, il faudrait, à mon sens, des solutions plus fondamentales. Actuellement, nous ne sommes pas capables de modifier des éléments concernant l’hérédité, mais nous pouvons contribuer à construire et à améliorer notre environnement de vie pour l’assainir, et à former et fortifier la volonté de chaque personne humaine.

Responsabilité de solidarité dans la société contemporaine

6. Pour atteindre cet objectif, sont en priorité les trois solutions suivantes :

(1) Premièrement rénover la structure et le mécanisme de la loi actuelle, ouvrir à toutes les organisations du monde profane et du monde sacré la co-responsabilité de prendre part à la mise en œuvre et la gestion des initiatives qui sont au service de la vie ainsi que de la dignité et des droits de l’homme, en premier lieu, des droits à la vie et au développement de tout homme, notamment, ceux des pauvres, des abandonnés, des malchanceux… au sein de la communauté nationale d’aujourd’hui.

(2) Deuxièmement, relier tous les éléments sociaux dans un effort commun. La famille, l’école et l’enseignant, le journaliste, le scientifique, l’église et la pagode, l’économiste, l’homme politique, devraient, par une prise de conscience de la responsabilité de solidarité, partager cette préoccupation de cohésion, s’efforcer ensemble de définir, pour la jeune génération contemporaine, la perspective d’un mode de vie conforme à la culture de la vie et à la civilisation de l’amour dans notre société.

(3) Troisièmement donner l’exemple aux jeunes. La famille, l’école ainsi que les responsables des organisations du monde profane et du monde sacré devraient faire preuve de responsabilité en donnant l’exemple et en transmettant aux jeunes d’aujourd’hui et de demain des compétences de vie qui leur permettent de mener une vie nouvelle. Mettre en œuvre ces trois solutions fondamentales signifie construire les fondements d’un nouveau mode de vie et ouvrir un meilleur avenir aux jeunes de nos jours.

Construire une maison commune sur de solides fondements

7. Le mode de vie conforme à une culture de la vie et à une civilisation de l’amour comporte les caractéristiques culturelles fondamentales suivantes:

(1) Exprimer le respect de la personne humaine est le but suprême du développement du pays, à la différence d’une vision qui conçoit l’homme uniquement comme un moyen de production, un outil de développement. Le respect de la personne humaine exige évidemment le respect de la vie, de la dignité humaine, des droits de l’homme, selon la tradition de la culture nationale, plutôt que le recours à la loi, au pouvoir, à la violence, à l’argent pour traiter, éduquer, ré-éduquer, renouveler les hommes, notamment les jeunes ...

(2) Faire valoir la charité et le respect de soi selon le principe de la morale traditionnelle du Vietnam plutôt que se laisser séduire pour courir derrière l’argent, le pouvoir, la gloire, la mode, les plaisirs matériels; en même temps développer l’honnêteté et le sens du désintérêt inspirant de la confiance, plutôt que concevoir la vérité seulement sous l’angle de l’intérêt, du pragmatique...

(3) Et l’enseignement de la culture traditionnelle, à savoir celui de “se perfectionner soi-même, gérer la famille, gouverner la nation, pacifier le monde” garde toujours sa même valeur et sa nécessité accrue dans la construction d’un nouvel art de vivre d’aujourd’hui.

8. Exprimer ces caractéristiques culturelles fondamentales dans la vie familiale et sociétale, c’est à la fois marcher à la lumière de la vérité éternelle de l’univers, répondre à l’exigence du principe moral de tous les hommes, contribuer à construire nouvellement la maison familiale, la maison sociétale, la maison vietnamienne sur les fondements sûrs de la Parole de Dieu et les quatre piliers solides, à savoir la vérité, l’amour, la justice et la paix, pour le pays et pour le monde globalisé d’aujourd’hui. L’encyclique "Caritas in Veritate" du Pape Benoît XVI confirme cela.

9. S’efforçant ensemble de construire un mode de vie conforme à une culture de la vie et à une civilisation de l’amour, la famille diocésaine suit les pas du Christ, rend témoignage à et proclame la Bonne Nouvelle, et marche ensemble avec Son peuple pour se mettre au service de la vie et de la dignité de tous les frères dans le pays et en humanité de cette ville.

Archidiocèse de Ho Chi Minh Ville, Année Jubilaire 2010

Jean Baptiste Phạm Minh Mẫn
Cardinal Archevêque

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